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Kaj Munk

Biographie

Personnage insolite et complexe, célébré comme un des plus grands poètes du Danemark, il a vécu un destin singulier. De 1924 jusqu’à sa mort vingt ans plus tard, à l’âge de 45 ans, il exerce son ministère de pasteur dans la même petite paroisse rurale de la côte ouest du Jutland, Vedersö. Mais parallèlement il écrit des pièces de théâtre qui sont jouées non seulement au Théâtre Royal de Copenhague, mais aussi sur toutes les grandes scènes scandinaves. Il se fait également remarquer par des articles de journaux, des recueils de poésie, des conférences à la radio, des scénarios de films. Ce pasteur si peu clérical scandalise par sa liberté de parole et d’écrits. Il détonne, défie les normes.

 

Au cours des années 30, il se fait le défenseur des dictatures, chante les louanges de Mussolini puis d’Hitler. Toutefois vers la fin de la même décennie, lorsque Munk est le témoin des persécutions nazies contre les Juifs, son sens évangélique l’amène à tempérer ses enthousiasmes. Après avril 40, durant les années d’occupation du Danemark par les troupes allemandes, il prend de plus en plus résolument parti. Par ses prêches, à Vedersö et ailleurs, il est le pionnier de la Résistance spirituelle. Tant et si bien qu’un soir de janvier 1944, il est arrêté sur l’ordre de la Gestapo. Quelques heures plus tard Kaj Munk est exécuté, et abandonné dans un fossé, la figure fracassée par des balles de revolver.

 

Il écrit sa première pièce à 19 ans. Il en écrira une trentaine d’autres. Il aborde la guerre d’Abyssinie, la montée des dictatures, l’antisémitisme nazi. Il réussit à créer des œuvres qui abordent les conflits sociaux, éthiques, religieux, mais dans une forme qui n’est jamais didactique et qui a renouvelé l’art dramatique scandinave.

 

Avec Ordet, écrit en 6 jours, il conçoit un drame qui met en scène un événement fantastique, improbable, impossible : un miracle.

 

La mort a accompagné très tôt Kaj Munk…

Il est âgé d’un an quand son père meurt subitement. Sa mère meurt à son tour quand il a 5 ans. Toute sa vie, il tentera d’exorciser la mort en se confrontant à elle. Dans ses mémoires, il rapporte un événement qui préfigure le drame qui se joue dans Ordet : il était enfant lorsqu’un jeune maçon qu’il connaissait bien, marié et père d’une petite fille, tombe gravement malade. Munk recourt à la prière, implore la guérison de son ami. Peu de temps après le jeune homme meurt. On le dépose dans le cercueil et il est conduit au cimetière. Le petit Kaj, resté à la maison, ne s’en fait pas. Il est inconcevable que Dieu n’exauce pas sa prière. Peder n’est pas mort pour de vrai, il va se réveiller et sortir de la tombe. Quand, l’enterrement terminé, son père adoptif rentre à la ferme, l’enfant pose des questions : ne s’est-il rien passé d’extraordinaire ? Peder est-il resté dans son cercueil ? Et le père de rire... 

Sur les scènes du Rond-point

2009-2010
Ordet