Ado en 1982, à sa table, cartes en mains, il s’exerce seul, dehors, quartier des Halles ou Saint-Germain. Sa dextérité de prodige éblouit les passants, et ses numéros de close-up entrent vite dans l’histoire de la magie. Belkheïr Djenane, alias Bébel, magnifie l’art de la cartomagie, artisanat ancestral hissé au rang de grand art. Coopté par le cinéma, la télé ou le théâtre, lauréat de la Colombe d’Or et premier prix de Cartomagie, il conseille Yann Frisch, créateur du Syndrome de Cassandre et du Paradoxe de Georges au Rond-Point. Il entraîne ici le spectateur dans des dédales d’invraisemblances, miracles de cartes qui traversent les miroirs. Il n’est plus démonstrateur, il vit au rythme des cartes, conduit le public ailleurs, dans un endroit où la réalité n’a plus de prise, où le rêve remplace la performance, où les cartes mènent la danse, prennent le contrôle de ses mains, dévoilent les raisons mystérieuses de leur existence.

Bébel rêve depuis longtemps de dépasser la performance technique, de faire disparaître le magicien au seul profit de ses cartes. Depuis 2012 et sa rencontre avec la metteuse en scène Anne Artigau, il invente une nouvelle approche de son art. Habituée des lieux, Anne Artigau a travaillé ici aux côtés de Howard Buten et de Michèle Guigon. À la demande de Bébel, elle confie aux cartes le rôle principal, organise avec lui un voyage unique dans un effarant imprévisible. Pierre Notte