Eszter, son mari Loup et leur fils Bruno, âgé de cinq ans, sont surpris dans leur appartement au beau milieu de la nuit par l’arrivée de la sœur d'Eszter, Ernella, ainsi que son mari Albert et leur fille Laura. Ils rentrent après une année passée en Écosse où, contrairement à leurs attentes, ils n'ont pas réussi à s'intégrer. Il devient vite évident que les deux familles ne se sont jamais vraiment accordées. Ce huis-clos fait surgir des tensions et des conflits depuis longtemps enfouis.
Tout ne tient qu’à un fil dans cette famille de la classe moyenne, son équilibre est fragile. Tout le monde est à fleur de peau, chacun porte une tragédie soigneusement cachée. Des frustrations, des névroses, mêlées de jalousie et de compétitivité apparaissent.
Extrait du texte :
ESZTER - Alors ? C’était comment ? Racontez-nous quelque chose.
ERNELLA - C’était super. Incomparable.
ESZTER - Mais en quoi c’est différent ? Ok, bien sûr, là-bas on gagne mieux sa vie…
ERNELLA - Ce n’est pas ça qui compte, mais la… comment dire… mentality ?
LOUP - Mentalité.
ERNELLA - Oui, bien sûr, la mentalité. Par exemple, le dernier jour d'école de Laura, j’ai dit à sa maîtresse, à Mrs. Williams, que c’était la dernière fois que Laura venait à l’école. La maîtresse est rentrée dans la classe et elle a commencé par dire, les enfants… Laura… pour Laura…
ALBERT - Pour Laura c’est son dernier jour dans notre école.
ERNELLA - C’est son dernier jour dans notre école. Laura vient de Hongrie, et c’est là-bas qu’elle va retourner. Elle a accroché une carte d’Europe, elle a montré où était la Hongrie, et ils ont parlé de la Hongrie toute la journée. Tu peux imaginer un prof en Hongrie faire ça spontanément avec un enfant pakistanais par exemple…
ALBERT - Ou avec un Monténégrin…
ERNELLA - Au lieu de ça, qu’est-ce qui se passe ici ? Hier à la station service, Albert demande à quelqu'un de l’emmener jusqu’à la prochaine station. Et c’est quoi la réponse ? Comment il a dit déjà ?
ALBERT - Désolé, j’suis pas taxi. ERNELLA - Désolé, j’suis pas taxi. ALBERT - Exactement comme ça…
ERNELLA - Ça l’a rendu furax, alors il nous a dit, on y va à pied.
ALBERT - J’ai pété les plombs…
ERNELLA - Mais il avait raison…
LOUP - Bon, tomber sur un con, ça ne veut pas dire que tout le monde est con. Des cons, il y en a partout.
ALBERT - Sauf qu’ici neuf personnes sur dix sont des cons, alors que là-bas il y a un con sur dix.
LOUP - Ça veut dire que là ici tout le monde est con, sauf un.