« Le même peut se transformer en son contraire. »
Un espace blanc, plateau nu, strié de câbles et d’instruments de musique, où ils répètent. Neuf danseurs, musiciens, comédiens, performeurs s’agitent et dansent, recommencent en boucle un même morceau, mêmes sons et danses, musique « transrock ». Grain de sable dans la machinerie quand l’un d’eux est en retard, tout s’emballe. Fête jouissive d’une impossible reproduction d’un même geste qui se change en son contraire. Les gags à la Buster Keaton entraînent une chorégraphie tonique, comédie musicale expérimentale d’une énergie dingue.
C’est l’identité qu’ils interrogent dans un élan tragi-burlesque, les troubles du dédoublement, l’impossible reproduction du « même » et sa difficile transmission. Théâtre, musique et danse s’entremêlent et convoquent le rock du groupe Microréalité, le mythe d’Œdipe, jouent de l’ébullition des genres pour exalter les paradoxes : rien n’est pareil à rien et encore moins le spectacle vivant, surtout ici.
De 2012 à 2014, au Rond-Point, il a chorégraphié Anna ou Théâtre sans animaux, présenté Micro, Press, Arrêts de jeu, Érection et Théâtre des opérations. Pierre Rigal, athlète de haut niveau, spécialiste du quatre cents mètres haies, passé par des études d’économie mathématique, devenu danseur sur le tard, fomente ici avec sa compagnie dernière minute un objet d’une liberté jouissive. Le chorégraphe signe une explosion joyeuse de surprises et de trouvailles.