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Comité de lecture
Programmé au Rond-Point

Kalashnikov

Stéphane Guérin

En douze tableaux, la pièce suit le vécu absurde et fantasmé d’une famille.Un terre-plein central, un drive-in, un lieu clos et ouvert sur le monde d’où quatre voix d’une famille décomposée, se débattent, se mordent et s’étranglent. Cet espace-là, comme un entonnoir. Espace occupé par quatre personnages qui se croisent, s’effleurent. Se parlent sans se parler. Incapables de se taire. On ne peut ni rire ensemble, ni pleurer ensemble.
Déplacement, on est ailleurs. Dans un autre pays. Une autre année. Un autre siècle.
Les temps changent. Dans l’air, flotte un parfum de fin du monde. Parfum de sang, de sexe et de profane. Pour certains, la malédiction est en marche. Pour d’autres, la providence.
La mère attend le retour du fils. Pas prodigue pour deux sous. Mais quand même, il revient d’un grand voyage. La mère, elle ne sait rien. Rien de l’enfance, rien de l’adolescence, des douleurs et des éclats du temps. Elle attend le fils, ça lui prend tout son temps.
Le père, vieux déjà, vieux depuis qu’il a vingt ans, vieux pour toujours.
Le tonton, il vit là, entre deux bières.
À la tombée de la nuit, quand l’enfant apparaît, tout se fige et se confond. Les repères sautent les uns après les autres, faisant basculer une société patriarcale à celle d’une société matriarcale.
La femme au cœur du monde. Comme un organe nécrosé que ces quatre personnages vont réinventer. Bravant les nouvelles lois.
Faut-il naître homme ? femme ? devenir transsexuel ? ne rien devenir ?
Existe-t-il un point commun entre « Drôles de dames » et le Vatican ? Entre Esther Williams et Marguerite Duras ? Entre Village People et le réchauffement climatique ?
Les grandes questions remontent toujours à la surface.
De l’explosion du monde à travers l’implosion de cette famille.