mardi 30 octobre 2012

Les Mardis Midi : Nature morte avec portable



Salle Jean Tardieu

Synopsis

lecture d'une pièce inédite à la scène de Sarah Ruhl
traduction Isabelle Famchon
dirigée par Emily Wilson
avec Nathalie Baunaure, Yves Buchin, Olivia Dalric, Audrey Lamarque, Susana Lastreto, Marc Marchand

La journée s'annonce ordinaire pour Jean, employée de musée, qui déjeune pour sa pause d'une bisque de homard. Un téléphone portable, soudain, se met à sonner à la table de son voisin, sans que ce dernier - Gordon ' ne bouge. Jean se rend compte que Gordon vient de mourir, 'tout doucement, sans faire de bruit.' Elle décide alors de répondre, maintenant ainsi le mort en vie, rencontrant sa famille, ses collègues, sa femme, sa maîtresse et même le mort lui-même ! Commence alors pour Jean une aventure existentielle qui va la précipiter loin de ses habitudes, jusqu'aux confins de la conscience, dans un au-delà onirique, souvent cauchemardesque, mais la plupart du temps merveilleux. La mort, l'amour et des batailles de kung-fu seront au rendez-vous.


Extrait
JEAN - Vous savez le plus drôle ? Je n'ai jamais eu de portable. Je n'avais pas envie d'être toujours là, vous comprenez. Je veux dire, si on a son téléphone allumé, on est censé être là. Moi, parfois, j'aime disparaître. Mais c'est à croire que - quand tout le monde a son portable allumé, il n'y a plus personne. Comme si on  disparaissait, en étant toujours là. La semaine dernière, il y avait cette femme dans la queue à la pharmacie et elle n'arrêtait pas, "Merde, Merde !" dans son portable et elle n'arrêtait pas de dire : "Merde, putain, tu fais chier, putain qu'est-ce que tu fais chier, pas question merde, salaud, si tu m'emmerdes, je t'étripe connard", vous savez, ce genre de choses, et il y avait tous ces gens âgés dans la queue et c'était comme si elle s'en foutait de raconter sa vie, le pire de sa vie, devant les gens dans la queue. À croire que - enfin, les gens qui font la queue dans les pharmacies ne se connaissent pas, c'est clair. Par définition. Et j'ai trouvé ça triste.

Née à Chicago en 1974, Sarah Ruhl publie à 20 ans son premier recueil de poèmes Death in Another Country. Elle se lance dans l'écriture dramatique, lors d'études à Brown University, concevant ses pièces comme des 'poèmes en trois dimensions'. Conteuse soucieuse d'histoires, elle invente une dramaturgie du fantasque et de l'insolite où différents niveaux de réalité se superposent en une sorte 'd'opéra secret'. Considérée comme une voix majeure de la nouvelle dramaturgie américaine, elle est l'auteure d'une dizaine de pièces, créés dans les théâtres les plus prestigieux des Etats-Unis par des metteurs en scène de renom comme Anne Bogart. Elle reçoit de multiples prix et récompenses dont le très prestigieux Macarthur Fellowship (surnommé 'Prix des génies') et voit ses pièces traduites et créées dans des langues aussi diverses que l'arabe, l'allemand, le coréen, le norvégien, le polonais, le russe et l'espagnol. Elle est également nominée à deux reprises pour le Prix Pulitzer.

Mentions de production

production Compagnie Rima
sélection du Comité de lecture du Théâtre du Rond-Point

entrée libre : réservation obligatoire sur cette page.
ou au 01 44 95 58 81 / ouverture des réservations un mois avant l'événement 

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