Début des années deux mille, un groupe d'acrobates marocains s'entraîne sur une plage de Tanger. Chorégraphe, metteur en scène, coauteur de Plan?B et fondateur de la compagnie 111, Aurélien Bory découvre la beauté d'une pratique singulière, une acrobatie des corps en mouvements courbes, circulaires. Il fonde le Groupe acrobatique de Tanger avec Sanae El Kamouni. L'aventure, dit-il, «?tient du miracle?». En 2004, la rencontre engendre le spectacle
Taoub, succès mondial avec plus de trois cents représentations. Dix ans plus tard, Aurélien Bory retrouve le Groupe acrobatique de Tanger, et joue avec les acrobates marocains de l'étymologie d'«?azimut?». En arabe, le mot «?as-samt?» signifie chemin, et devient en espagnol «?acimut?», terme astronomique. En argot, «?azimut?» évoque la folie ou la dispersion.
Azimut, explique l'artiste, rappelle par dérivation le zénith?: «?chemin au-dessus de la tête?».
Le désir d'envol, l'infraction aux lois gravitationnelles sont le c'ur du projet.Et la poétique des liens, toujours, entre les individus soudés en familles, en tribus. Il s'agit encore des liens entre le sol et le ciel, liens entre l'être limité et le rêveur qui s'envole. «?Quels chemins, quelles pertes, quels azimuts, par ces temps azimutés???» Les acrobates marocains fondent de manière ancestrale tout mouvement sur le cercle. Secoués par les influences de l'Occident d'un côté et du Golfe de l'autre, ils cherchent leur place au fil de danses sphéroïdales. Ils évoluent entre les vents qui rendent fou et la ville de Tanger, en perpétuel changement. Aurélien Bory et ses génies de l'envol jouent de l'axe vertical croisé par le méridien, ils explorent ce qui nous sépare des astres.
Azimut se situe quelque part par là, du côté des étoiles.
Pierre Notte
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