Le chorégraphe Hillel Kogan travaille au carrefour de la danse et du théâtre.
Ses pièces combinent mouvement, texte et objets occasionnels au service dʼun langage visuel à plusieurs niveaux ; langage qui navigue intelligemment et avec fantaisie entre un commentaire subtil et plus explicite sur le monde de la danse, la culture populaire et la société contemporaine.
Les centres d’intérêt de Hillel Kogan sont des "gens de la danse" reconnaissables, presque archétypiques : des chorégraphes contemporains qui se débattent avec le processus de création (What Now), des danseurs qui réfléchissent sur la danse (Dancer is the Answer), un danseur arabe qui incarne un « Autre » symbolique dans une pièce de danse « israélienne » (We Love Arabs), ou encore une gracile ballerine qui travaille avec un chorégraphe masculin mature (The Swan and the Pimp). Ces « Everymen » (ou femmes) bougent et pensent au présent tout en faisant constamment face à leur héritage dansé et à diverses icônes culturelles – quʼil sʼagisse de musique jazz, de houmous, de lʼétoile de David ou de baguettes de pain. Ces objets, Hillel Kogan sʼen sert pour mettre à nu lʼidéologie dans lʼesthétique, pour faire reconnaître les hiérarchies dʼâge, de sexe et dʼethnicité qui existent – et finissent par dominer – dans les domaines de la danse et de la culture.
Ces systèmes de pouvoir sont utilisés – et abusés – dans les œuvres, pour être ensuite mieux déconstruits par des mécanismes théâtraux et littéraires, tels que lʼironie et la parodie, lʼaliénation et lʼintertextualité, et afin de remettre en question leur validité en tant que normes et critères pour la danse et la création, à lʼépoque actuelle. Par conséquent, les œuvres de Hillel Kogan exposent la danse non seulement comme un langage artistique, mais aussi comme un lieu de construction de sens, de définition de catégories et dʼétablissement de normes, au sein duquel le corps dansant – toujours en conflit dʼune manière ou dʼune autre – soulève, en sa présence même, des réflexions sur ce qui est considéré comme propre, beau, cool, intéressant – dans la danse et la société. Cette forme unique de discours dansé que Hillel Kogan a développé incarne sa position autoréflexive, mieux décrite comme méta-danse : Lʼexploration de codes artistiques identifiables, dʼimages visuelles ou de conventions théâtrales comme canal de contemplation critique sur le métier de chorégraphe, les nuances du processus créatif et la relation entre la performance et le spectateur – toujours basée sur des attentes traditionnelles, plus orthodoxes.
Après le succès de We Love Arabs, THISISPAIN est présenté au Festival d’Avignon en 2023.
REPÈRES CHORÉGRAPHIQUES
2013 We Love Arabs
2012 Obscene Gesture
2011 Rite of Spring
2008 Everything
2007 After the Bolero
2006 The Afternoon of Adolf, Hommage à L’Après-midi d’un faune de Nijinsky
2003 Welcome To Heaven
1999 Tormenta, Beringela e Harmonía
1999 Pretzle (prix du Meilleur jeune chorégraphe)